Architecture préfabriquée et économie durable

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Dans cet article, il nous est demandé de traité de nos intentions économique sur le projet, en lien avec l’axe écologique. Ces deux thèmes n’ont de sens que si on peut les évaluer. Il faut donc les traiter de façon très concrète, en lien avec notre société actuelle. En ce sens, j’ai cherché à comprendre le sens économique et écologique de la préfabrication.

La préfabrication selon le dictionnaire le petit Robert est la « fabrication d’élément de construction (maisons, navires) assemblés ultérieurement sur place. » C’est donc une technique de construction. Selon cette définition, on peut considérer que toute l’architecture contemporaine est préfabriquée. En effet aujourd’hui, tous les composants de l’architecture sont fabriqués en usine, de façon industrielle, et une construction n’est que l’assemblage d’un nombre de ces composants. Construire en préfabriqué n’est donc plus un choix pour les architectes. Alors comment tirer parti de cette technique pour des objectifs économiques ?

Au-delà de la technique, il faut regarder comment elle est produite. La préfabrication est aujourd’hui issue de la production industrielle. Ce mode de production est porté par une économie basée sur deux principes, la rationalisation comme « Organisation d’une activité, à partir d’une étude scientifique, afin d’adapter efficacement les moyens aux objectifs poursuivis. » (Dictionnaire le petit Robert) et l’efficacité en tant que « capacité de produire le maximum de résultats avec le minimum d’efforts, de dépenses. » (Dictionnaire le petit Robert). La production industrielle repose par ailleurs sur deux postulats :

A – Il faut produire le moins d’éléments différents possibles.

B – Chaque élément doit être produit en grande série.

Les avancées technologiques et scientifiques sont utilisées pour rendre la production plus économique encore, à la fois sur les processus de fabrications (gain de temps et de consommation d’énergie) et sur les objets fabriqués (économie de ressources).

Bien que la production industrielle dans son évolution ait subi des dérives (obsolescence programmée, gaspillage des ressources, non contrôle de la pollution), elle est au départ une pensée qui permet de produire en masse avec une stratégie économique très proche de ce que nous appelons aujourd’hui développement durable.

Le texte de Jacques Ferrier, Stratégies du disponible, extrait du livre du même nom apporte un autre élément de réponse. Il pose la question du rôle de la technique dans l’architecture. Il explique que mettre au point des éléments de construction particuliers pour un projet est contradictoire avec le système économique réel. Il cite la démarche des architectes High-Tech.

 « A rebours de la démarche industrielle, ce développement technique recourt en fait à un artisanat d’élite, donc de luxe. Nous sommes dans le domaine de l’idéologie et non dans celui d’une réelle rationalité constructive. La technique mise en œuvre de façon sophistiquée par l’architecture high-tech est paradoxalement rétrograde ; alors que les produits « sans qualité » de l’architecture banale, fabriqués en grande série et listés dans les catalogues, sont au contraire issus d’une industrie de pointe dans ses méthodes de production. La technique ne produit pas de l’esthétique, elle produit de la rationalité économique, suivant la loi du marché. »

Et il met en avant une démarche de projet plus ancrée dans le réel.

« […] Plus généralement, instaurer un nouveau rapport entre l’architecture et ce que l’on pourrait résumer comme « le réel » est certainement la façon la plus concrète d’assigner un rôle à la technique. Dans ce cadre, une invention possible se situe dans l’assemblage d’un nombre minimum de matériaux disponibles. […] Plus que dans l’architecture savante, les références sont à chercher du côté des constructions populaires simples comme les logements auto-construits ou les constructions industrielles agricoles. […] La qualité de ces constructions dépend entièrement des usages qu’elles rendent possibles dans une économie donnée. »

 L’utilisation de composants industriels dans la construction permet donc une démarche économique et écologique en accord avec notre cadre de projet qu’est le monde actuel.



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